L’industrie du fret aérien a subi de plein fouet la crise pandémique. Essentielle à la lutte contre le Covid-19 pour le transport d’urgence des biens et équipements de protection sanitaire, pharmaceutiques et produits alimentaires, elle a dû s’adapter et déployer des moyens exceptionnels afin de maintenir le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement.
1. Un secteur cloué au sol
Après plusieurs semaines de montée progressive de la menace sanitaire, le couperet tombe le 13 mars 2020, avec l’annonce d’un confinement généralisé. Fermeture des usines et des commerces, blocage des activités aériennes, restrictions de circulation et fermeture des frontières : en quelques jours, notre pays bascule dans une économie en suspens.
L’IATA Association du transport aérien international est le premier à tirer la sonnette d’alarme quant à l’impact de ces restrictions sur l’activité du fret aérien et l’acheminement des produits de première nécessité. En effet, une grande partie des marchandises qui transitent en avion sont transportées par le biais de vols commerciaux traditionnels.
Selon l’entreprise américaine Flexport, les vols commerciaux constituent environ 80 % des capacités de fret aérien sur les lignes transatlantiques. Or, depuis la fin du mois de janvier et les premiers cas de contamination du COVID-19 à Wuhan en Chine, 185 000 vols de passagers ont été annulés. Toute l’industrie du fret fonctionne au ralenti, dans un contexte où les pays en ont le plus besoin.
2. Le maintien du fret aérien par le cargo
Quelques chiffres : au mois de mars, la demande mondiale de fret aérien diminue de 15,2% pour des capacités en chute de 22,7%*. Ce marché tendu contribue à une hausse vertigineuse et irrémédiable des prix. « Le taux de fret a parfois quadruplé sur certains vols », précise Julien Bellapianta, Directeur de l’agence ATS international. En effet, selon la base de données Upply, les taux de fret ont augmenté de 19% à 40% sur les axes Asie-Europe, Europe-Amérique du Nord et Europe-Moyen-Orient. Une tendance qui se confirme sur tout le mois d’avril.
Dans cette situation inédite, ATS international décide de mettre en place une cellule de crise pour assurer la continuité d’acheminement des marchandises entre la Chine et l’Europe, via le pont aérien mis en place par le gouvernement. « Nous avons très vite mutualisé nos chargements et activé notre réseau d’opérateurs pour les avions cargo avec qui nous travaillons depuis des années », nous explique Julien Bellapianta.
Pour les vols affrétés, ATS sollicite un broker afin de faciliter les démarches et être plus réactif face aux clients. En combinant vols charter et vols réguliers, ATS a réalisé en 2 mois 200 imports entre la Chine et l’Europe, par le biais de compagnies aériennes chinoises, françaises et russes.
3. Les défis de l’approvisionnement en temps de crise
La crise sanitaire a révélé l’importance du fret aérien dans les stratégies d’approvisionnement mises en place par les industriels européens. En effet, beaucoup de secteurs tels l’informatique ou l’automotive dépendent de la Chine pour l’approvisionnement de leur chaine de production. Selon Brian Pearce, économiste de l’IATA, la Chine représenterait « 30 à 40 % des activités de fabrication dans le monde ». Seul le transport aérien peut répondre aux impératifs de volume dans des délais courts.
L’objectif du Groupe ATS est alors très clair : se positionner auprès de ces clients en leur apportant des solutions de transport ad hoc pour maintenir leur chaine d’approvisionnement, et leur doter des équipements de protection indispensables à la continuité de leurs activités. Ainsi, de grands noms de l’automobile, de l’industrie et de la distribution ont fait appel à ATS pour acheminer pièces détachées, composants électroniques, matériels de protection et produits sanitaires.
4. Le fret aérien comme mission d’utilité publique
Le fret aérien s’est révélé être un allié incontournable dans la logistique d’urgence. Il a permis l’acheminement rapide et massif de produits de première nécessité : médicaments, équipements médicaux et autres matériels indispensables aux industriels, professionnels et consommateurs finaux. En France, 22 000 pharmacies, 3000 établissements de soins et 300 grossistes répartiteurs de médicaments et fournitures médicales ont ainsi pu être approvisionnés par voie aérienne.
« 80% de notre temps a été consacré à la gestion de l’acheminement de ces équipements de protection. Nous avons importé des volumes colossaux de masques, visières, parois en plexiglas, gels hydroalcooliques…. Nous avons même été sollicités pour transporter une ligne complète de production de masques. » précise Julien Bellapianta. « Sur les 207 tonnes de fret importées ces deux derniers mois, 200 tonnes concernent le matériel médical, soit un volume de 1200 m3 ».
Cette crise sanitaire a mis au grand jour la fragilité de notre système économique mondialisé, fondé sur des chaînes de production interdépendantes. Elle a également révélé la formidable agilité de l’activité aérienne cargo qui, dans un contexte inédit et très tendu, a permis aux économies de continuer à fonctionner, et à sauvegarder l’essentiel : notre santé.
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